Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/377

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duits à une idée et à des soldats qu’on avait soi-même contribué à discréditer et à affaiblir.

Lorsque, nous venons de le voir, des émigrés avaient pu rentrer en foule impunément, obtenir la restitution de leurs biens non vendus et même l’inscription de leur nom sur les listes des « défenseurs de la patrie », ce qui leur permettait ensuite de dénoncer, comme bien plus nombreuses qu’elles n’étaient en réalité, les erreurs de la liste des émigrés et de se faire rayer de cette liste, le Directoire s’imagina les atteindre par un arrêté du 7 ventôse

Les Merveilleuses. (D’après une estampe de Carle Vernet.)


an V (25 février 1797) sanctionnant un rapport de Merlin, ministre de la Justice, et interdisant l’exercice des droits politiques dans les assemblées primaires aux personnes portées sur des listes d’émigration. L’émotion que causa cet arrêté, et qui aboutit quinze jours après à son annihilation à peu près complète par la loi du 22 ventôse (12 mars), prouve tout au moins que ces personnes avaient pu participer au vote lors des élections de l’an IV. À un parti qui a dans le sang la passion du mensonge et du faux — la citation que je viens de faire du réactionnaire Forneron en est, après tant d’autres faits, une nouvelle preuve — on opposait la puérile loi du 30 ventôse (20 mars), prescrivant à chaque électeur de déclarer à haute voix : « Je promets attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l’an III. Je m’engage à les défendre de tout mon pouvoir contre les attaques de la royauté et