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(Les Pacifications de l’Ouest, t III, p. 51), et, le 27 thermidor (14 août), une résolution, votée celle-là par les Cinq-Cents, dont le texte a été placé à tort par le Moniteur dans le compte rendu de la séance du 30 thermidor (17 août) et qui ne vint pas à l’ordre du jour du Conseil des Anciens.

Malgré cette audace des royalistes, dans le discours qu’il prononça le 26 messidor, jour anniversaire du 14 juillet, Carnot, qui était alors président du Directoire, flétrissait ridiculement « l’alliance entre Louis XVIII et l’ombre de Marat » — voir dans le chap. xv les citations faites de Philippe Delleville et de « l’Institut philanthropique », — mais se ralliait, en somme, à la politique des soi-disant constitutionnels tout en prétendant, pour se défendre de faire de la réaction, que « ce n’est point une marche rétrograde que le retour nécessaire vers un but qui avait été outrepassé ». En réprouvant les monarchistes, il consentait à favoriser le Jeu de ces constitutionnels qui n’étaient que les fourriers de la monarchie. Dans la séance du Directoire du 28 messidor (16 juillet), appuyé par Barthélémy, il se fit leur interprète et demanda le renvoi des ministres antipathiques à la nouvelle majorité, et sur lesquels celle-ci n’avait constitutionnellement aucune action directe. Il se heurta à l’opposition attendue de La Revellière et de Reubell, et à celle, restée jusque-là secrète, de Barras qui, capable de tout, mais jugeant cette attitude plus conforme à ses intérêts, se prononça, en dépit des ouvertures qui lui avaient été faites, contre les réacteurs.

Avant les élections. Barras avait été violemment pris à partie par les journaux royalistes, notamment par celui de l’ex-abbé Poncelin, propriétaire du Courrier républicain, qui se plaignit à cette occasion d’avoir été, le 10 pluviôse an V (29 janvier 1797), attiré dans un guet-apens et fustigé par les valets de Barras. Dans le numéro des Actes des apôtres et des martyrs du 17 pluviôse an V (5 février 1797), le royaliste Barruel-Beauvert l’attaquait à propos de son entrevue avec Germain, racontée par celui-ci à Babeuf, le 30 germinal an IV-19 avril 1796 (chap. xiii), et où il s’était montré hostile aux royalistes. Son attitude allait lui valoir de nouvelles attaques. Ainsi Willot, dans la séance des Cinq-Cents du 5 thermidor an V (23 juillet 1797), fit décider qu’un message serait adressé au Directoire pour savoir si, au moment où il fut élu directeur, Barras avait l’âge requis par la Constitution ; le surlendemain (25 juillet), le Directoire répondait que, d’après les renseignements pris dans les bureaux de la guerre et de la marine, Barras était né le 30 juin 1755 et avait donc plus de quarante ans lors de son élection le 10 brumaire an IV (1er novembre 1795).

La majorité que Barras contribua ouvertement, le 28 messidor, à former dans le Directoire, procéda bien au changement de certains ministres, mais dans le sens contraire à celui qu’avait indiqué Carnot. Furent conservés : Merlin (de Douai), à la justice, et Ramel, aux finances. Furent remplacés : Delacroix, aux relations extérieures, par Talleyrand-Périgord, l’ancien évêque