leurs, ses sympathies ; dans une lettre que lui adressait, le 17 thermidor (4 août), Mathieu Dumas, membre du Conseil des Anciens, on lit : « Pichegru, avec lequel nous marchons parfaitement d’accord, m’a chargé hier de vous dire mille amitiés » (Pierre, 18 Fructidor, p. 38). Le Directoire, qui se méfiait de Moreau dont l’armée n’avait pas manifesté sa haine des royalistes comme l’armée d’Italie à l’anniversaire du 14 juillet et l’armée de Sambre-et-Meuse à celui du 10 août, l’avait, le 16 fructidor (2 septembre), appelé à Paris, en confiant par intérim le commandement de l’armée de Rhin-et-Moselle à Hoche déjà commandant de l’armée de Sambre-et-Meuse. Moreau qui pressentait le choc entre les royalistes des Conseils et la majorité du Directoire, s’avisa, afin d’être à peu près couvert si le Directoire venait à l’emporter, d’écrire, le 19 fructidor (5 septembre), ignorant encore les événements de la veille, à Barthélémy (Bûchez et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution française, t. XXXVII, p. 451) pour lui demander en apparence un conseil sur la conduite à tenir, pour signaler en fait à un des directeurs l’existence des documents qu’il détenait et dont il disait avoir déjà parlé à Barthélémy lorsque celui-ci était encore ambassadeur à Bâle ; cela, du reste, n’innocentait pas Moreau, mais inculpait Barthélémy.
En quittant, le 23 fructidor (9 septembre), son armée, conformément à l’ordre reçu, et connaissant depuis la veille le coup d’État du 18, il jugea opportun, dans une proclamation aux soldats, de reporter au 17 (3 septembre), veille du coup d’État, la date de la lettre écrite seulement le lendemain 19 (5 septembre) à Barthélémy ; ayant soin de ne pas mentionner le nom de celui-ci, il disait : « Il n’est que trop vrai que Pichegru a trahi la confiance de la France entière ; j’ai instruit un des membres du Directoire le 17 de ce mois qu’il m’était tombé entre les mains une correspondance avec Condé et d’autres agents du prétendant, qui ne me laissait aucun doute sur cette trahison » (Journal d’économie publique, de morale et de politique, de Rœderer, t. V, p. 204). Le Directoire reçut la lettre destinée à Barthélémy, déjà en route pour Rochefort, et s’empressa de laisser Moreau sans emploi ; il devait le laisser ainsi jusqu’au 29 fructidor an VI (15 septembre 1798) où il le nomma inspecteur général de l’infanterie de l’armée d’Italie. À la mort de Hoche, Augereau fut nommé (2 vendémiaire an VI-23 septembre 1797) au commandement des deux armées qui, jusque-là réunies provisoirement, furent fusionnées, par arrêté du 8 vendémiaire (29 septembre), sous la dénomination d’« armée d’Allemagne », à laquelle, le 7 brumaire (28 octobre), était jointe l’armée du Nord où Beurnonville cessait ses fonctions. Mais, le 19 frimaire (9 décembre), l’armée d’Allemagne était divisée en deux armées l’armée du Rhin, sous le commandement d’Augereau, et l’armée de Mayence, sous celui de Hatry remplacé, le 23 messidor an VI (11 juillet 1798), par Joubert qu’il remplaçait lui-même à la tête des troupes stationnées en Hollande ; celles-ci, depuis le 19 frimaire (9 décembre 1797), ne relevaient plus que du