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divisionnaire qui les commandait. Enfin un arrêté du 9 pluviôse (28 janvier 1798) supprima cette armée du Rhin qui avait été la deuxième de ce nom.

Les documents de Moreau fournissaient des armes contre Wickham ; aussi, dès le 29 fructidor (15 septembre), le Directoire réclamait du gouvernement de Berne l’expulsion de l’agent anglais qui, pendant les pourparlers à ce sujet, s’éloignait de lui-même le 8 novembre. Le 2 décembre, arrivaient des instructions de Grenville, datées du 3 novembre, approuvant la conduite de Wickham, mais l’invitant, ainsi que tout le personnel de la légation, à retourner sans éclat à Londres (Lebon, L’Angleterre et l’émigration, p. 253). Sur une plainte identique du Directoire au roi de Prusse, celui-ci engagea le duc de Brunswick à ne plus laisser Louis XVIII séjourner à Blankenburg. Le prétendant dut partir, le 10 février 1798, et il arriva le 13 mars à Milau, en Courlande, où le tsar lui offrait asile ; déjà, à la fin de 1797, à la suite des négociations de paix entre la République et l’Autriche, l’armée de Condé était passée au service du tsar.

À l’intérieur, le Directoire destitua des fonctionnaires, tout en conservant encore beaucoup d’antirépublicains (rapport de police du 16 vendémiaire-7 octobre 1797) ; il eut à réprimer en province quelques tentatives d’insurrection royaliste dont la plus sérieuse fut celle que dirigeaient dans la Lozère, le Gard, l’Ardèche et la Haute-Loire, Dominique Allier et le marquis de Surville ; déjà réduits à l’impuissance, ils furent pris le 16 fructidor an VI-2 septembre 1798 (Moniteur du 1er jour complémentaire-17 septembre 1798) et bientôt après exécutés.

§ 2. — Bonaparte et l’Égypte. — Bernadotte à Vienne.
La loi du 22 floréal an VI.

Les Conseils se bornèrent, peut-on dire, à enregistrer les volontés du Directoire. Cependant ayant demandé aux Cinq-Cents, par message du 19 vendémiaire an VI (10 octobre 1797), la création d’un huitième ministère qui aurait été chargé « des domaines nationaux », et bien que le rapporteur eût, le 14 frimaire (4 décembre), conclu en faveur d’un « ministère des travaux publics et domaines nationaux », il vit sa demande rejetée, le 27 nivôse an VI (16 janvier 1798), à la suite d’un débat où Renault (de l’Orne) et Portiez (de l’Oise) exprimèrent leurs préférences, le cas échéant, pour la création d’un « ministère de l’instruction publique ».

Il fallut tout de suite s’occuper de la situation financière. Il y avait bien près d’un an (n° du 30 vendémiaire an V-21 octobre 1796) que le Journal d’économie publique de Rœderer avait avoué à contre-cœur : « Tout le monde s’attend, on regarde même comme juste et nécessaire une revision de la portion de dette constituée qui a été donnée en payement à des fournisseurs de la République. Au lieu de les payer en assignats, il leur a été délivré 11