Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/443

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lieu dans une petite ville d’Alsace, Seltz, située à peu de distance de Rastatt, entre François (de Neufchâteau) et Cobenzl, tant sur les satisfactions à accorder relativement à l’incident de Vienne, que sur l’objet des négociations de Rastatt qui traînaient en longueur. L’Autriche se plaignait, en effet, des modifications apportées, d’après elle, au traité de Campo-Formio par la dépossession du pape et par la transformation de la Suisse : c’étaient des événements qui lui portaient préjudice, disait-elle, et pour lesquels elle réclamait une compensation en Italie. Entamées en prairial (juin), les conférences de Seltz cessèrent le 18 messidor (6 juillet), sans qu’il y eût ni entente, ni rupture ouverte, immédiatement du moins, car l’Autriche s’en allait décidée à recommencer les hostilités aussitôt qu’elle le pourrait, et Cobenzl, au lieu de retourner à Rastatt, avait l’ordre de se diriger par Berlin vers Saint-Pétersbourg. Dès que la crainte de la guerre avait été dissipée, Bonaparte qu’il avait été un instant question d’envoyer à Rastatt, quittait Paris (14 floréal-3 mai) pour Toulon où il arrivait le 20 (9 mai 1798).

Par un arrêté du 20 nivôse an VI (9 janvier 1798), le Directoire avait ordonné que, le 2 pluviôse (21 janvier], serait célébré l’anniversaire de l’exécution de Louis XVI ; à cette dernière date, le Conseil des Cinq-Cents inaugura la salle qu’on venait d’achever pour lui au Palais Bourbon ; trois jours avant (29 nivôse-18 janvier), il avait décidé que cette salle serait dédiée à la souveraineté du peuple français ». Cela c’était l’apparence, le décor sous lequel on cherchait à dissimuler le frelatage de cette même souveraineté dont, alors comme aujourd’hui, se réclamaient en paroles emphatiques ceux qui ne visaient qu’à l’escamoter. La réalité, c’était la résolution volée par les Cinq-Cents le 12 frimaire (2 décembre) précédent, à la suite d’un message du Directoire qui, à mesure que les élections approchaient, redoutait de plus en plus le triomphe des républicains avancés. Cette résolution, devenue loi le 12 pluviôse (31 janvier) par l’approbation des Anciens, livrait la vérification des pouvoirs et la validation des nouveaux députés au Corps législatif en fonction avant le renouvellement à opérer, et domestiqué par le Directoire après l’épuration du 18 fructidor. Au moment où les modérés prenaient ainsi leurs précautions contre le succès possible des républicains d’une nuance plus accentuée, ils affectaient encore de ménager ceux-ci. Le 16 frimaire (6 décembre), Lamarque réclamait aux Cinq-Cents qui la votaient, une indemnité de 1.200 fr. pour chacun des acquittés de la Haute Cour de Vendôme, « qu’il n’a pas tenu au royalisme et à la malveillance la plus insigne de conduire à l’échafaud » put dire, le 26 nivôse (15 janvier), au Conseil des Anciens, Lacombe Saint-Michel ; il rappela, en outre, le souvenir de Soubrany, Goujon et Bourbotte, « ces vertueux représentants du peuple ». L’impression de ce discours fut demandée ; mais les Anciens rejetèrent et cette demande et la résolution relative à l’indemnité.

Il y avait, fin germinal an VI (avril 1798), à remplacer à la fois le tiers