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vembre 1798) annula implicitement le précédent en renvoyant l’époque de son exécution à « un arrêté subséquent » qui ne fut pas pris.

Le débarquement des Français en Égypte avait décidé le sultan Sélim III, déjà mécontent de leurs opérations dans les îles Ioniennes, à accepter contre eux les secours du tsar, et le désastre naval d’Aboukir (1er août 1798) ne pouvait que le pousser à la guerre ; le 20 août, il signait avec Paul Ier une convention en vertu de laquelle l’amiral russe Ouchakov entrait, le 5 septembre, dans le Bosphore à la tête de seize navires qui venaient se joindre à la flotte turque placée sous les ordres de Kadir-bey ; il déclarait officiellement la guerre à la France le 9 septembre (23 fructidor) ; dès le 2 septembre, il avait fait arrêter le personnel de l’ambassade, puis notre consul général à Smyrne, l’ancien conventionnel Jeanbon Saint-André. Nous n’avions à Constantinople (chap. xvi, § 1er) qu’un chargé d’affaires, Ruffin, et les événements allaient empêcher Descorches, désigné de nouveau (voir fin du chap. ix) comme ambassadeur le 16 fructidor an VI (2 septembre 1798), de rejoindre son poste. Une partie de la flotte russo-turque se présentait, le 16 vendémiaire an VII (7 octobre 1798), devant Cerigo ; après bombardement, une cinquantaine de Français commandés par le capitaine Michel obtinrent (21 vendémiaire-12 octobre), sur menace de se faire sauter, de garder leurs armes, d’être rapatriés aux frais des alliés et — souci qui les honore — la promesse qu’aucune vengeance ne serait exercée contre les habitants de l’île. L’autre partie de la flotte était, le 2 brumaire (23 octobre), devant Zante ; il y avait là 400 hommes, mais leur chef n’eut pas la superbe attitude de Michel et fut traité plus durement (4 brumaire-25 octobre). Les alliés passaient ensuite à Céphallénie, où la petite garnison se rendit ; à Thiaki, dont le détachement de 25 hommes, sous les ordres d’un capitaine, put, grâce aux habitants, s’embarquer et atteindre Corfou le 8 (29 octobre) ; à Sainte-Maure qui, après une résistance de quinze jours, capitula le 26 (16 novembre) ; à Corfou, devant laquelle toute la flotte se trouvait réunie le 30 (20 novembre). Quelques vaisseaux avaient entamé le blocus dès le 15 (5 novembre) ; mais la garnison allait résister héroïquement.

Chabot se battit sur terre ; la frégate le Généreux, que commandait le chef de division Le Joysle, se battit sur mer. Le 17 pluviôse (5 février 1799), les assiégés manquant de tout, cette frégate fut chargée d’aller chercher des secours et réussit, après combat, à traverser la flotte ennemie ; mais, quand elle fut prête à repartir d’Ancône (12 germinal-1er  avril), tout était terminé : réduite à la dernière extrémité, la garnison avait capitulé, le 13 ventôse (3 mars), obtenant les honneurs de la guerre, son rapatriement sous promesse de ne pas servir pendant dix-huit mois, et l’amnistie pour les habitants de l’Île, remise provisoirement aux Turcs. Le Joysle voulant que les préparatifs faits servissent à quelque chose, se dirigea sur Brindisi, canonna le fort, et, après quelque résistance, la ville se rendit (20 germinal an VII-9 avril 1799) ; malheureusement un des derniers boulets tirés de celle-ci blessa mortelle-