Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/548

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tembre 1799, lui demandant l’envoi d’un personnage muni de ses pleins pouvoirs pour une communication importante, Barras se borna à avertir le Directoire. Un conseil royal central fonctionnait à Paris ; composé de trois membres et d’un secrétaire, d’André (voir chap. xv), qui avait voix délibérative, il était chargé « de faire aux officiers civils et militaires telles promesses qui seront nécessaires… sauf pour les emplois de cour » (p. 280, t. II, Dubois-Crancé, par Iung).

Peu à peu, sur les excitations des émigrés rentrés et des prêtres réfractaires, grâce aux formidables crédits de l’Angleterre, « l’ennemi héréditaire » et le caissier patriotiquement choyé, — d’après sa propre comptabilité, Louis de Frotté aurait reçu, de juillet 1799 à septembre, 1 494 livres sterling (37 350 fr.) ; et, de septembre 1799 au 1er août 1800, l’insurrection royaliste « aurait été subventionnée de 309 939 livres (7 748 475 fr.), dont 297 939 (7 448 475 fr.) dépensés » (Chassin, les Pacifications de l’Ouest, t. III, p. 358), — les bandes se multiplièrent et les divers rassemblements comptèrent un nombre de plus en plus grand de partisans. Cependant, ce qui faisait la gravité de la situation, c’était surtout l’insuffisance des forces qu’avait à sa disposition le remplaçant de Moulin qui fut, Kilmaine ne se rétablissant pas — il mourut le 20 frimaire an VIII (11 décembre 1799) — d’abord provisoirement Dembarrère, puis Michaud. Si, de la part des royalistes catholiques, les assassinats, les actes de dévastation et de brigandage, qui n’avaient jamais complètement cessé, étaient devenus plus étendus et plus fréquents, il n’y eut pas de faits de guerre véritable jusqu’au mois de septembre. Le 30 août, des « bases générales de conduite » (Idem) étaient arrêtées à Edimbourg, en présence du comte d’Artois, par les principaux chefs royalistes qui, à l’exception de Frotté, rentré seulement le 23 septembre, se concertèrent de nouveau en France, le 15 de ce mois, au château de la Jonchère, près de Pouancé (Maine-et-Loire), et résolurent de s’attaquer aux principales villes. Ils avaient spécialement à agir, Georges Cadoudal dans le Morbihan, d’Autichamp en Vendée, le comte de Châtillon dans l’Anjou, le comte de Bourmont dans le Maine, Louis de Frotté en Normandie.

Si ce dernier rentra plus tard que les autres, c’est qu’il avait compté sur la trahison pour susciter une insurrection en Belgique. Le général Jacques-Louis-François de Tilly, à qui était confiée la sécurité de ce territoire réuni à la France, avait consenti, sur la demande du comte de Semallé, envoyé par de Frotté, à fomenter une insurrection belge au moment où les Anglo-Russes descendraient en Hollande ; il avait seulement posé comme condition que le comte d’Artois débarquerait en Belgique. Notre vaillante altesse royale ne se pressa pas, malgré l’insistance du comte de Frotté, qui dut renoncer à son projet, Brune ayant, sur ces entrefaites, eu raison des envahisseurs (Idem p. 361-362).

Avant le soulèvement général de l’Ouest fixé, dans la réunion de la