Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/73

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effet la convocation d’une assemblée générale des chefs royalistes. Seulement, lors des négociations de la Jaunaie, Charette, qui préférait tenir son rival à l’écart, ne consentit qu’assez tard à le laisser convoquer par Sapinaud ; et c’est lorsque tout était convenu, le 28 (16 février), que survinrent quatre chefs de la bande de Stofflet. Ils se plaignirent qu’on l’eût laissé de côté, assurèrent qu’il accepterait les conventions faites et demandèrent trois jours pour qu’il pût venir à la Jaunaie. Ce fut accordé ; mais, à son arrivée, le 30 (18 février), Stofflet fut vexé d’apprendre que Charette avait conclu sans lui et était parti la veille. Le 3 ventôse (21 février), il vit les représentants qui, désireux de traiter tout de suite, lui refusèrent un armistice de quelques semaines sollicité par lui pour consulter, prétextait-il, les habitants. Il s’en alla le lendemain et, le 6 (24 février), dans un appel aux armes contresigné par Bernier, il protestait violemment contre la reconnaissance de la République ; en attendant de se vendre, il flétrissait ceux qui s’étaient vendus, se retournait contre eux et, ayant pris l’un d’entre eux, Prodhomme, il le faisait massacrer à coups de sabre (12 mars).

Canclaux reçut l’ordre, le 20 ventôse (10 mars), de préparer une expédition contre Stofflet et son « armée d’Anjou » qui, à ce moment, se tenait surtout dans le Maine-et-Loire. Les républicains éprouvèrent, le 28 (18 mars), un échec sur les hauteurs de Chalonnes ; mais ils le réparèrent. Le 2 germinal (22 mars), Stofflet qui, malgré ses réquisitions de tous les hommes de 17 à 45 ans, avait à peine 6 000 hommes, se jeta sur Saint-Florent ; battu, il erra dans les bois entre son quartier général de Maulévrier (Maine-et-Loire) et Châtillon-sur-Sèvre (Deux-Sèvres) où un émissaire, alors qu’il pouvait être réduit à se rendre, alla encore, le 6 (26 mars), lui faire des propositions de paix. Un convoi fut attaqué près de Chemillé, le 13 (2 avril), par une bande de Stofflet que protégeait un drapeau portant l’image d’un saint. L’attaque fut repoussée, le drapeau enlevé et une autre bande battue le même jour à Chanzeaux (canton de Thouarcé, Maine-et-Loire). Ce fut le dernier combat de cette expédition ; le 21 (10 avril), parvenait l’ordre d’arrêter tout mouvement.

Le 13 germinal même (2 avril), Stofflet avait demandé un rendez-vous aux représentants ; après des tergiversations suspectes, il finit par se rendre, le 19 (8 avril), au château de la Haye, près de Mortagne (Vendée), où ceux-ci l’attendaient ; mais, à peine arrivé, il partit brusquement sous prétexte qu’il avait envoyé deux délégués aux conférences qui avaient lieu avec Cormatin près de Rennes. Le 15 (4 avril), en effet, deux délégués de Stofflet assistaient à cette conférence et, le 17 (6 avril), comme ils demandaient, avant de traiter, « la retraite des troupes nombreuses qui foulaient le territoire de l’armée d’Anjou », les représentants se bornèrent à accorder la suspension des hostilités qui, nous venons de le voir, arrêta à partir du 21 (10 avril) les opérations de l’armée de l’Ouest. Néanmoins Stofflet qui ne devait chercher qu’à