Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/256

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1° Quantité de farine nécessaire à l’approvisionnement journalier ? — 1 500 sacs de 325 livres chacun.

2° Quantité d’arrivages par jour à la halle ? — Depuis an VIII de 3 à 500 sacs, peu de 600 et 2 ou 3 de 700.

3° L’approvisionnement, se fait par le reste de la veille et ce qui arrive le jour.

4° Toutes les fois que la halle a plus de 2 000 sacs, on peut être tranquille sur l’approvisionnement. Quand on se rapproche de ce nombre, il faut prendre des précautions pour maintenir l’abondance. Quand la quantité de farines surpasse 5 à 6000 sacs, c’est une preuve de la vileté du prix du grain.

5° Le gouvernement est instruit de l’état de la halle par l’état de situation qu’envoie chaque matin le contrôleur de la halle au chef de la 4e division[1]. Le bureau central fait plusieurs fois par décade son rapport au ministre.

6° Sur 834 boulangers, qui existent à Paris, il y en avait, au 29 frimaire, 410 bien approvisionnés, les uns de 50, les autres de 100, d’autres de 150 sacs de farine. Les petits approvisionnements de 5, 10 sacs, sont nombreux.

7° On peut assurer que les boulangers ne perdent rien en donnant le pain à 11 sols les 4 livres, lorsque la farine est à 54 fr. On pourrait approximativement établir cette échelle :

48 fr. la farine, 10 sols les 4 livres.
50 à 54 fr » 11 » »
55 à 60 fr. » 11 1/2 et 12 » »

Il devient donc important d’empêcher la farine de s’élever au-dessus de 54 fr. « Mais si l’on est plus sûr du succès en faisant baisser le prix de la farine, il faut éviter rigoureusement qu’on s’aperçoive des efforts du gouvernement. L’approvisionnement habituel de la halle serait d’autant plus aisément compromis par une mesure administrative connue, que le prix serait moindre à Paris que partout ailleurs. Les versements que l’on ordonne doivent donc être faits peu à peu, et ne pas étonner le commerce, toujours attentif aux quantités de farines qui arrivent, selon la saison. » En fructidor de l’an IX, les boulangers voulurent porter le prix du pain à 14 sols les 4 livres, on voit par conséquent la différence avec le prix normal indiqué plus haut. Aussi une certaine agitation se manifesta dans le peuple. Les premiers dont la police s’inquiète, ce sont, bien entendu, les ouvriers : « On a remarqué hier matin[2] une réunion considérable d’ouvriers près le marché de la porte Martin : au lieu de se rendre à leurs ateliers, ils paraissaient délibérer entre eux. Ils disaient que le pain avait augmenté ; que plusieurs boulangers exigeaient 14 sols de 4 livres. Quelques perturbateurs tentaient d’exciter ces ouvriers à réclamer collectivement contre cette augmentation. Ils n’ont pas réussi. Le rassemblent s’est dissous sans aucun trouble. Le prix du pain

  1. De la préfecture de police.
  2. 13 fructidor. Archives nationales F7 3702.