Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/347

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comme un objet de première nécessité pour le peuple ne pouvait pas être fondée sur les mêmes prétextes ; l’extension des spéculations aux grains de légumes secs pouvait avoir d’ailleurs des résultats fâcheux.

« Cependant, convaincu que des mesures d’autorité et publiques seraient encore pires que le mal, j’ai répondu aux autorités locales qu’elles devaient s’en abstenir et se borner à surveiller les auteurs des spéculations, à les mander, à les menacer et à me dénoncer, pour être punis par mesure de haute police, ceux d’entre eux qui seraient coupables de manœuvres capables de compromettre la tranquillité publique.

« L’emploi de ces mesures a déjà produit un bon effet sur le prix du riz, il est tombé de 38 francs le quintal à 23 francs.

« Je continuerai à vous informer de l’état de la place à cet égard. La situation sous le rapport des subsistances est d’ailleurs rassurante.

« Si Votre Excellence avait des instructions particulières à me transmettre, je la prie de me les faire connaître, afin que je puisse m’y conformer, dans le cas où les abus que je viens de lui signaler se reproduiraient. »

« Le Conseiller d’État, Préfet des Bouches-du-Rhône,

Signé : Thibaudeau. p. »

Dans un rapport du ministre de l’Intérieur daté du 27 décembre 1808, nous lisons les lignes suivantes :

« Certaines villes manufacturières se trouvent dans une situation pénible à cette heure, par suite de la rareté des cotons : Troyes, Rouen, Amiens sollicitent des travaux de terrassement pour occuper une portion de la population oisive et indigente. »

Une autre note de l’Intérieur du 17 janvier 1811 contient ce passage :

« Les spéculations en denrées coloniales sont la cause principale des faillites multiples qui ont eu lieu depuis plusieurs mois et dont les causes sont les suivantes : hausse des matières premières, diminution de la consommation, manque de crédit. »

Une troisième note est ainsi conçue :

« Les denrées coloniales éprouvent un surenchérissement si rapide que l’on ne pourrait plus s’expliquer comment il se trouve des acheteurs de coton de Fernambouc de 11 à 12 francs la livre, de sucre de 5 à 6 francs, et de café à 8 francs, si l’on ne remarquait très bien que le bénéfice énorme fait sur des denrées est devenu l’objet d’un agiotage dans lequel on voit mêlés des gens de toutes les classes, ce qui ne ressemble pas mal au commerce bizarre qui se faisait du temps des assignats. Sans doute ces denrées sont rares, mais les prix ne sont pas en rapport avec la disette qu’on en éprouve.