Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/389

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Pendant cinq jours, l’empereur essaya de tous les moyens, supplications, prières, menaces, promesses, pour fléchir la résistance du pape et obtenir de lui la renonciation au pouvoir temporel.

Enfin, le 25 janvier 1813, Pie VII, en présence des cardinaux et évêques réunis à Fontainebleau, signa un nouveau concordat où il était stipulé que si l’institution canonique n’était point donnée par le pape aux archevêques et évêques nommés par l’empereur en France et en Italie dans les six mois de leur nomination, il serait procédé à cette institution par l’évêque ou l’archevêque métropolitain. En compensation du pouvoir temporel abandonné, Pie VII recevait l’ancienne résidence papale d’Avignon et une dotation considérable.

Satisfait de ces concessions, Napoléon rendit la liberté aux cardinaux noirs dont nous avons parlé plus haut, et l’on put croire la paix faite sur ces bases.

Mais, quelques semaines après, Pie VII rédigea une lettre de rétractation par laquelle il désavouait les articles du récent concordat… Cela n’empêcha pas l’empereur de le promulguer et de le déclarer obligatoire.

Voilà de nouveaux conflit en perspective. Mais les événements ont marché : Napoléon avait à lutter en 1814 contre l’Europe coalisée : il jugea le moment inopportun de reprendre par surcroît les hostilités contre le Saint-Siège et permit au pape de retourner à Rome. Pie VII partit aussitôt et entra à Bologne le jour même où les alliés pénétraient dans Paris (31 mars 1814).

Telles furent, brièvement résumées, les relations de Napoléon avec l’Église, la papauté et les congrégations.

Que sont, à côté des brutalités impériales, les timides efforts de la République pour mettre en échec la redoutable puissance ecclésiastique ?

fin de la campagne d’autriche — le traité de vienne.

Après cette longue mais indispensable parenthèse, il nous faut revenir à Schœnbrunn, où nous avons laissé Napoléon en train de préparer un nouveau passage du Danube.

Dans les premiers jours de juillet 1809, les préparatifs sont terminés : les 180 000 hommes de la grande armée vont pouvoir s’ébranler. La nuit du 4 au 5 juillet, les troupes françaises, trompant les Autrichiens par un simulacre de passage à Aspern, débouchent de l’île Lobau sur la rive nord et s’y établissent fortement. Toutefois une première attaque, dirigée par Masséna, échoue complètement et nous sommes repoussés.