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Prusse, d’Autriche terminèrent les conférences de Troppau, et se donnèrent rendez-vous, pour le 8 janvier 1821, à Laybich, sur les confins de l’Italie, où l’on se réservait d’appeler Ferdinand.



CHAPITRE X


LE SECOND MINISTÈRE DE M. DE RICHELIEU.


Session de 1820 1821. — Violents débats. — La loi sur les dotations. — Éloge de l’armée de Napoléon par le général Foy. — La Cour des Pairs et la Conspiration du 14 août 1820. — Acquittement général. — Colère de la Cour et de la majorité. — Faiblesse croissante du ministère. — Les conférences de Laybach. — Entrée des Autrichiens à Naples et à Turin. — Les élections d’octobre 1821. — Succès éclatant des ultras. — Ouverture de la session 1821-1822. — Discussion sur l’adresse. — Le ministère battu se retire. — M. de Richelieu. — Ministère de Villèle. — Jugement sur la situation.


La droite tout entière n’approuvait pas cependant l’entrée dans le ministère de trois de ses représentants et, avant même de porter les responsabilités effectives du pouvoir, dans cette sorte de stage ministériel où ils se trouvaient, MM. Lainé, de Villèle et de Corbière devaient sentir la pointe de bien des irritations. Le général Donnadieu donna dès l’une des premières séances pleine licence à ces sentiments. Cet officier général était celui qui avait exterminé le département de l’Isère et qui avait trouvé dans les Bouches-du-Rhône une circonscription digne de lui. Il critiqua vivement ces ultras trop pressés qui, après avoir tant accusé l’impéritie et le libéralisme des ministres, leur devenaient des auxiliaires. M. de Villèle répondit que, ces ministres s’étant amendés, l’opposition royaliste avait dû désarmer. L’incident n’eut pas de suite, mais il devait se renouveler et créer aux trois ministres une situation équivoque.

Les premiers mois de cette session ne se signalèrent d’ailleurs que par des débats orageux mais qui n’engageaient pas de grands principes. Aucune loi de quelque importance ne vit le jour de la tribune, qui sembla réservée à des pétitions émanant d’officiers mécontents. Beaucoup avaient été révoqués, privés de leur emploi, privés de leur traitement. Ce fut l’occasion de débats violents où le général Foy, pour avoir fait l’éloge de « la glorieuse cocarde tricolore », fut hué, exposé aux rappels à l’ordre, couvert d’outrages par le côté droit, où M. de Girardin (Stanislas) subit le même sort pour avoir rappelé la noble révolte, que nous aborderons bientôt, de « l’héroïque Espagne ». Forts de leur nombre, de leur succès croissant, de la faveur électorale qui n’était que le fait de la victoire, les membres de la droite dépassaient toute mesure. L’outrage était quotidien : Manuel surtout sem-