arriver à la propriété collective. Pour la défense de leurs idées, Tolain et Chemalé avaient encore rudement lutté. Ils se trouvaient dépassés. Les communistes de la deuxième Commission, « empêchés » de se rendre au Congrès par le gouvernement impérial, durent saluer avec joie à Sainte-Pélagie la résolution qui venait d’être prise. Elle répondait entièrement à leurs vœux ; elle indiquait avec une netteté toute nouvelle vers quel but devait s’orienter le mouvement révolutionnaire.
Mais ils furent moins satisfaits de l’autre résolution principale prise par le Congrès de Bruxelles. Convaincus comme ils l’étaient « que la guerre avait pour cause principale et permanente le manque d’équilibre économique » et que, d’autre part, le corps social ne pouvant vivre si la production est arrêtée, « il suffirait donc aux producteurs de cesser de produire pour rendre impossibles les entreprises des gouvernements personnels et despotiques », les congressistes de Bruxelles avaient pensé que le seul moyen efficace d’arrêter la guerre entre peuples était la grève générale, et ils avaient « recommandé aux travailleurs de cesser tout travail dans le cas où une guerre viendrait à éclater dans leurs pays respectifs ». À quoi pouvait servir dès lors la Ligue de la paix et de la liberté ! Quels moyens nouveaux les bourgeois pourraient-ils apporter pour anéantir la guerre ? Si la grève générale seule était efficace, seule l’Internationale pouvait l’organiser, et les amis de la paix n’avaient plus qu’à se fondre dans l’association ouvrière. À l’invitation qui lui avait été adressée de se faire représenter officiellement au Congrès de Berne, le Congrès de Bruxelles répondit en déclarant « que les délégués de l’Internationale croyaient que la Ligue de la paix n’avait pas de raison d’être en présence de l’œuvre de l’Internationale, et invitaient cette Société à se joindre à elle ».
Il est frappant de noter que Tolain, Murat, Chemalé ne votèrent point contre cette résolution : sous une forme un peu différente, elle répondait exactement à leur vieille idée de l’organisation isolée, tout à fait indépendante et se suffisant à elle-même, que devait être l’organisation ouvrière. On dirait presque qu’ils ont accepté la leçon donnée par l’Empire, par ses poursuites.
Mais les membres de la deuxième commission ne l’entendaient pas ainsi. Ils avaient la nette conscience que tout en travaillant à la réalisation des desseins particuliers de la classe ouvrière, ils ne pouvaient s’isoler de l’ensemble du mouvement révolutionnaire. Dans une lettre adressée aux membres du Congrès de Berne, ils regrettèrent la décision prise cà Bruxelles et déclarèrent « qu’au point de vue de la liberté dont ils poursuivaient Là conquête, le droit de se croire la seule expression des aspirations d’une époque ne pouvait appartenir à aucune association isolée ». À l’heure même où ils s’apprêtaient à reprendre la lutte, les communistes de la deuxième commission jugeaient de plus en plus nécessaire de collabore à l’effort commun, contre l’empire, pour la liberté — pour la liberté sans laquelle les réformes