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Page:Jaurès - L'Armée nouvelle, 1915.djvu/11

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actes, par une application quotidienne, les résolutions essentielles de ses congrès nationaux et internationaux ; c'est de rendre visible et tangible sa pensée tout entière, sans mutilation, sans dénaturation. Que le socialisme lie sans cesse la libération des prolétaires à la paix de l'humanité et à la liberté des patries ; que le prolétariat organisé et pensant, éduquant peu à peu la masse, à demi inconsciente encore ou inerte, la guérisse des illusions chauvines et des entraînements belliqueux ; qu'il dénonce l'odieux et le ridicule de la guerre, dont le rôle dans l'histoire humaine fut terriblement ambigu, à la fois funeste et fécond, mais qui aujourd'hui, dans le monde de la démocratie et du travail, est pleinement surannée, absurde et criminelle ; qu'il menace sérieusement d'un acte de désespoir révolutionnaire, tout gouvernement assez insensé et coupable pour déchaîner un conflit sans avoir épuisé manifestement toutes les chances de paix, tous les moyens de conciliation arbitrale et sans avoir couvert la patrie du verdict d'approbation de la conscience universelle ; qu'il mette au service de cette salutaire menace, à la fois patriotique et humaine, la force accrue de ses organisations développées et fédérées ; qu'il noue avec les prolétaires de tous les pays des relations internationales toujours plus étroites et institue ainsi pratiquement un commencement d'humanité ouvrière capable de mettre un peu d'ordre et d'équité dans le chaos des rivalités nationales ; qu'il intervienne en toute occasion pour donner vérité et plénitude aux premières garanties de paix, si timidement, parfois si hypocritement ébauchées à La Haye par les gouvernements eux-mêmes ; qu'il demande dans tous les traités de pays à pays l'insertion de clauses d'arbitrage universel et aussi de clauses de réciprocité protégeant partout les salariés et créant, par le libre consentement des patries historiques, une patrie sociale du travail ; mais que, dans cette grande œuvre même et pour la conduire à sa fin, il veille constamment sur l'indépendance de la patrie et sur ses moyens de défense ; qu'il ne s'en tienne pas à la formule générale des milices, mais