de sa force grandissante, la grande tâche de l’organisation militaire et de la défense nationale ? J’entends bien qu’une prédication souvent confuse d’antimilitarisme, ou même d’antipatriotisme, a accumulé sur ce problème des obscurités et des malentendus, mais cela même est une raison de plus de poser la question, et je suis convaincu qu’une analyse exacte du problème fera apparaître aux travailleurs la nécessité sociale et prolétarienne aussi bien que nationale, la nécessité révolutionnaire aussi bien que française, de constituer une armée nouvelle par l’intervention du prolétariat.
Les journaux de la bourgeoisie essaient sans cesse d’exploiter et d’aggraver l’équivoque d’une propagande où des paradoxes frivoles et malsains sont mêlés à des vérités nécessaires et à des hardiesses fécondes. Ils interprètent de façon contradictoire, selon les besoins changeants de leur polémique et de leurs combinaisons, les effets de cette propagande sur l’esprit des masses. Tantôt, quand ils redoutent un rapprochement du parti socialiste et du parti radical, et la coopération de toutes les forces démocratiques à une œuvre hardie du progrès social, ils grossissent le péril. Ils montrent l’antipatriotisme installé en maître dans le syndicalisme et décomposant de proche en proche toutes les énergies nationales, ils concluent en disant aux radicaux : « Allez-vous tendre la main au parti qui désorganise la France ? » Tantôt, quand ils veulent décider des gouvernements incertains à frapper d’un coup accablant le syndicalisme et le socialisme, ils disent : « Ne craignez rien. Ces hommes sont impuissants ; ces groupes sont sans forces, ils n’ont pas réussi à glisser dans le peuple ouvrier et paysan une seule de leurs idées funestes. Ils n’ont même pas entamé, — loin qu’ils l’aient ébranlée, — la conscience populaire ; et la preuve, c’est que jamais, dans les manœuvres, les soldats ne furent plus résistants à la fatigue, plus alertes, plus joyeusement déférents à leurs chefs ».
Nous laisserons la bourgeoisie conservatrice et réactionnaire à ses contradictions et à ses misérables intrigues. Ce