qu'elle s'habitue à considérer celles-ci comme des accessoires, comme une superfétation. Le citoyen croit, quand il a donné ses deux années de vie de garnison, qu'il est quitte vraiment envers le pays ; le reste lui apparaît comme une cérémonie vaine et une stérile importunité. M. Bersot disait :
En France, on fait sa première communion pour en finir avec la religion ; on prend son baccalauréat pour en finir avec les études, et on se marie pour en finir avec l'amour.
Il aurait pu ajouter : et on fait son service pour en finir avec le devoir militaire. Les officiers, hypnotisés par l'active et peu enthousiastes des réserves, contribuent par toute leur attitude, par toutes leurs habitudes de pensée, à entretenir dans la nation ce déplorable état d'esprit. Quand les réservistes viennent au régiment pour leurs 28 jours, ils y sont considérés par les soldats eux-mêmes comme des fâcheux, comme des intrus qui viennent déranger les habitudes de la chambrée ; ou encore très souvent, comme la vie de caserne répandue sur deux années n'est pas toute concentrée dans l'effort militaire, dans l'apprentissage du métier de soldat, comme elle est dépensée à d'innombrables besognes accessoires et assoupie dans la routine des corvées de tout ordre, les réserves qui devraient, dans cette courte période, être sollicitées à un effort intense et concentré, sont associées 'souvent, au contraire, au rythme à la fois traînant et dispersé de la vie de caserne. L'impopularité des 28 jours leur vient, pour une large part, du gaspillage de temps qui y est fait. M. Bertaux, dans son rapport sur le budget de la guerre, a signalé le mal avec précision et force, et M. Messimy reproduit cette page vigoureuse qu'il importe de citer :
Dans la pratique, la volonté du législateur a été trop souvent méconnue. La loi de 1889 emploie pour ces appels une expression impérative ; elle soumet les réservistes à deux manœuvres de quatre semaines chacune. Qu'est-ce à dire ? si ce n'est que les appels doivent être exclusivement consacrés à l'instruction dans les