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VII

Donc, au point où nous sommes, voici qui est certain. D’abord, dans les antécédents de Dreyfus, il n’y a rien, absolument rien qui puisse le désigner au soupçon, et ensuite, dans le contenu même du bordereau, non seulement il n’y a rien qui désigne particulièrement Dreyfus, mais rien ne permet même de conclure que le coupable est un officier d’État-Major et un officier d’artillerie. Au contraire, le paragraphe relatif au manuel d’artillerie semble indiquer plutôt un officier de corps. Enfin (car il y faut insister), tandis que rien dans le bordereau ne conclut contre Dreyfus, ou ne fournit aucun indice contre lui, il y a une phrase, ou plutôt un fait : « Je vais partir en manœuvres », qui met Dreyfus hors de cause ; car s’il est certain qu’Esterhazy est allé aux manœuvres contemporaines du bordereau, il est certain aussi que Dreyfus n’y est pas allé.