Georges. — Qui ça ?
Tous. — Ah ! exquis… charmant !… D’Andrésy ? c’est un type épatant.
Bertaut, entrant. — Monsieur, c’est le bijoutier.
Georges. — Le bijoutier ?
Bertaut. — Il dit que c’est pour une monture.
Georges. — Ah ! oui, la perle, c’est pour le cadeau que je fais à ma fiancée… vous permettez. (Il prend le coffret, l’ouvre.) Tiens ! Alors ça, c’est plus fort que tout… ce n’est pas possible.
Tous. — Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Georges. — J’ai mal regardé… Non, elle n’y est pas.
Tous. — Quoi ?
Georges. — La perle !
Tous. — La perle ?
Georges. — Vous avez bien vu ; je vous l’ai montrée tout à l’heure. Elle y était. Eh bien ! elle n’y est plus.
Brizailles. — Allons donc !
D’Andrésy. — Vous dites… vous dites que la perle qui était là tout à l’heure, n’y est plus ?
Georges. — Oui.
D’Andrésy, avec assurance. — Non.
Georges. — Mais si !
D’Andrésy. — Non… vous vous trompez. C’est tout à fait inadmissible.
Georges. — Oui, mais c’est comme ça… voyez vous-même.
D’Andrésy. — Je… ça par exemple… (Il regarde autour de lui.) Ah ! ça, mais…
Georges. — Vous soupçonnez quelqu’un ?
D’Andrésy. — Ah ! non, cette fois-ci, je ne soupçonne plus personne. Mais elle est raide, celle-là.
Georges. — Ah ! oui, alors, elle est raide. (À Bertaut.) Oui, vous n’êtes pas entré dans cette pièce… vous serviez à table. (Appelant.) Joseph ! (Il lui parle bas.)
Joseph. — Monsieur n’a qu’à téléphoner à Mademoiselle. Je n’ai même pas dépassé la porte.
Georges. — C’est bien. D’ailleurs, je vous crois. (À Bertaut.) Renvoyez le bijoutier.
D’Andrésy. — C’est bien simple. Il faut nous fouiller.
Tous, ainsi que Georges. — Oh !
D’Andrésy. — Dame ! il n’y a qu’un de nous, qui ait pu prendre cette perle. (Mouvement.) Tout à l’heure, pendant que nous déjeunions, qui êtes-vous venu retrouver dans cette pièce ?
Georges. — Personne… je…
D’Andrésy. — Mais si. Dites ?
Tous. — Oui, dites.
Georges. — Non… des gens de ma famille… mon frère… mon cousin…
D’Andrésy. — Oui, votre frère, je le connais, mais votre cousin…
Georges. — Ah ! mon cher…
D’Andrésy. — Quoi !… nous en sommes réduits à nous soupçonner nous-mêmes… nous pouvons bien dire quelques mots de trop.
Georges. — Mes amis, n’insistez pas. C’est un malheur… on n’en meurt pas… Enfin, quoi, c’est très désagréable… et voilà tout…
Brizailles. — Ah ! mais non, je tiens à ce qu’on me fouille… J’y tiens absolument…
Grécourt. — Moi aussi… j’ai fait un livre sur les voleurs… de là à conclure que je suis kleptomane ! Ah ! mais non.
Georges. — Je vous en prie… Assez, vous me désobligez extrêmement.
D’Andrésy. — Georges a raison, messieurs, vous êtes ses amis, des familiers de la maison… Moi, je suis un étranger, qu’on me laisse seul avec Georges.
Georges. — Vous êtes fou, d’Andrésy !
Brizailles. — À ce compte-là, je demande qu’on fouille Georges aussi.
Faloise. — D’autant que, par mégarde, il a très bien pu mettre la perle dans sa poche.
Georges. — Tiens ! je n’avais pas pensé à cela. C’est qu’au fond… Oh !
Tous. — Quoi ?
Georges. — Dans ma doublure… mais je l’ai… je l’avais…
Tous. — Ah !
Georges. — Mais oui… je l’avais… Tenez… tâtez…
D’Andrésy. — C’est vrai.
Bergès. — Ah ! on ne fait pas de ces blagues-là aux gens.
Georges. — Je vous demande pardon : je suis désolé. C’est une aventure ridicule et pénible.