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de problèmes physico-mathématiques. Ce fut là où je lui enseignai une troisième espèce de calcul exponentiel ou parcourant, qui traite des quantités, dans les exposants desquelles entrent .des indéterminées ou des variables ; j’avais appelé parcourants les équations qui contenaient ces sortes de quantités parce qu’elles parcourent pour ainsi dire toutes les dimensions possibles. J’ai publié les principes de ce dernier calcul dans les actes de Leipzic 1692. Pendant que nous étions à Ougues, nous reçumes une visite du P. Charles Reyneau, prétre de l’oratoire et professeur des mathématiques à Angers ; je m’aperçus d’abord qu’il vint exprès pour se procurer par mon aide quelque ouverture à pénétrer dans nos nouveaux calculs, car le bruit s’en était déjà assez repandu pour en avoir oui parler. Comme je ne suis point mystérieux, je lui communiquai autant qu'il était possible pour le peu de temps que ce père resta avec nous (peut-être plus que Mr. de l’Hopital ne voulait). Enfin Reyneau crût avoir assez appris de moi pour en parler en maître comme il fit dans la seconde partie d’un gros livre sous le titre d’Analyse démontrée publié l’an 1708. Il est vrai que dans la preface il parle honorablement de mon frère et de moi ; mais seulement en passant, comme s'il ne m’avait jamais vu ni connu. Lorsqu’il donne des solutions qui sont de moi et qu’il ne comprenait pas bien, ils les estropiait misérablement eu voulant les débiter pour les siennes ; en un mot il a fait voir par ses paralogismes, qu’il a voulu voler plus haut que ses ailes ne le portaient. — Nous retournâmes à Paris ; j’y fis de nouvelles connaisances en fréquentant assidument les savants académiciens,