Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/41

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en m’avançant, et j’ai pu voir le gentleman venant de l’amont de la rivière. Le soir j’ai aperçu longtemps sa voiture devant moi, dans la prairie, dans la direction de la Creek[1] Noire. Il n’est pas possible qu’il soit allé jusqu’à Smithville.»

— « Je n’y ai pas mis les pieds, je vous le jure, concitoyens, s’écria encore une fois l’accusé en reprenant courage. Conduisez-moi dans la ville; confrontez-moi avec les habitants : vous verrez si je vous abuse.»

— « Nous n’avons pas le temps de courir à Smithville pour un pauvre diable de colporteur, dit d’un air de grandeur un gentleman haut et mince, qui portait une écharpe, un sabre et une lone star[2]. Il suffit, amis, continua-t-il en se tournant vers le petit groupe assemblé, il suffit que l’identité du voyageur ne soit point prouvée. Qu’il soit un homme dangereux, un unioniste, c’est évident. Mais qu’il ait fait sauver les runaways, qu’il soit le prêcheur méthodiste que l’on a vu hier à Smithville, nous n’en sommes point certains. Êtes-vous bien décidé, continua-t-il en se tournant vers le marchand, êtes-vous décidé, si nous vous lâchons, à quitter le Texas sur-le-champ, et par la route la plus courte, sans tergiverser, sans adresser la parole ni à un noir, ni à un blanc? »

— « Soit, dit le voyageur, qui se sentait soulagé d’un fardeau terrible.»

— « Consentez-vous à signer un dédit de dix mille dollars, beaucoup plus que vous ne possédez, dit l’orateur en reprenant le ton du dédain, à payer dix mille

  1. Ravin.
  2. Étoile unique, signe distinctif des scissionnistes.