Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/84

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de ses bosquets de grands chênes, alors couverts de feuilles séchées. Nous passâmes, le 17, le Rio-Medina, dont le lit est profondément encaissé dans un banc d’argile, découpé comme à l’emporte-pièce par le courant. Il fallut choisir une route fréquentée pour descendre ces berges, partout ailleurs verticales, de vingt à vingt-cinq mètres d’escarpement. Ailleurs, il était convenu de marcher, quand faire se pourrait, par des routes latérales, et de feindre de s’égarer souvent. On évitait ainsi la plupart des rencontres, et la surveillance qui s’exerçait le long des chemins.

L’herbe était rare et brûlée. Une longue sécheresse, une sécheresse absolue de cinq mois, jointe aux rigueurs du dernier norther, avait détruit les graminées jusqu’à la racine. Nous avions dix paires de bœufs à nourrir. Durant plusieurs jours il fallut abattre de grands arbres, afin que ces animaux se repussent du tillandsia parasite (Tillandsia usneoides), qui étouffe les chênes sous ses masses, et qui pend de leurs branches comme des festons.

Le 24, tandis que nous étions au repos de midi, en deçà de la petite montagne pittoresque de Rocky, nous fûmes rejoints par un transport de troupes en destination de Brownsville. Le train se composait des voitures des officiers, renfermant les femmes et les enfants, de plusieurs chariots de provisions, et d’autres chariots sur lesquels voyageaient les nouvelles recrues. Les officiers, à cheval, s’approchèrent de nous ; ils nous firent subir un long interrogatoire, auquel Rodriguez, notre interprète anglais, répondit carrément. Ils tinrent ensuite une courte consultation, et satisfaits apparemment de