Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/91

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Prenant d’une main ce nœud et le bout opposé du lacet, le vaquero tournait la sortie comme une fronde, au-dessus de sa tête. Il lâchait alors le nœud, qui partait, comme la pierre de la fronde, à la tête du taureau, tandis que l’autre bout du laso, resté dans la main du cavalier, était bientôt amarré fortement au pommeau de la selle[1].

Le taureau pris seulement par les naseaux parvenait à fuir; mais quand l’une des cornes était engagée dans le nœud, la capture était assurée. Nous vîmes réduire successivement plusieurs de ces animaux farouches, qui n’ont jamais connu de maître. Notre habile vaquero entreprit ensuite de s’emparer d’un taureau plus grand et plus fort que les autres, qui paraissait disposé à livrer combat. Aidé de ses compagnons également à cheval, il le dirigea vers le bord d’une lagune salante, et galopant à ses côtés, sur la plage de sable, se mit en devoir de lui lancer le nœud redoutable. L’animal, se dérobant à temps, revenant sur ses pas, présentant les cornes, perça à plusieurs reprises la ligne des cavaliers. A la fin cependant l’adresse du Mexicain triompha. Le laso part et frappe le but. La corde est aussitôt enroulée au pommeau de la selle. Mais par une secousse terrible, le taureau en courroux renverse dans la poussière le cheval et son cavalier. Voyant alors ses ennemis à terre, il se retourne, et l’œil en feu, le cou arqué, les cornes basses et menaçantes, il fond sur eux pour les éventrer. Le vaquero tardait à se relever. Nous l’aper-

  1. Ce pommeau est couronné à cet effet d’une très-forte cheville à tête.