Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/92

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cevions, une jambe engagée sous sa monture renversée, éperonnant de l’autre, de toutes ses forces, le cheval blessé ou saisi de frayeur. Ses efforts paraissaient inutiles : le taureau allait l’atteindre. Avec la prestesse et le sang-froid du chasseur, le Mexicain porte la main à la hanche, saisît son revolver, l’arme, l’ajuste et frappe le taureau dans le front.

C’est au milieu de ces exercices et de ces dangers, que les rares habitants de l’arenal passent une vie d’ailleurs misérable. Leurs cabanes de branches sont ouvertes au vent; leurs jardins sont à peine dignes de ce nom, dans un sol ingrat, balayé par des rafales fréquentes. Il ne faut pas demander à cette race demi-sauvage les entreprises qui exigent l’assiduité. Par intervalles, les familles se réunissent dans une fête ou bal (baile). Aux sons d’une cornemuse ou d’un violon, on voit alors valser, le cigare à la bouche, ces femmes rouges, à peine vêtues, le front paré de quelques fleurs artificielles, et les cheveux tombant en tresses sur le dos.

De l’autre côté de l’arenal, l’herbe ne tarde pas à reparaître, puis viennent les buissons et les arbres élevés. Dans une plaine entrecoupée d’une suite de rideaux de mezquitte, séparés par d’étroites clairières qui toutes se ressemblaient, nous eûmes à chercher, le 15 mars au matin, des bœufs qui s’étaient égarés. Chacun de nous prit une direction différente. Après une heure de recherche je regagnai le camp, où étaient déjà revenus Vidal et Rodriguez, ce dernier avec les bœufs. Nous attendions Casanova pour reprendre la marche. Une heure se passa encore, et nous ne le vîmes