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Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/30

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Nous ne pensons pas que la sensibilité morale soit assez vive chez l’enfant pour avoir besoin d’être contenue ; nous nous demandons même si l’enfant est capable de ressentir d’autres joies et d’autres souffrances que les siennes. Il est égoïste sans vergogne, parce qu’il ne connaît encore que son moi, qu’il commence à peine à comprendra, et sa faiblesse ; sa dépendance, les soins continuels dont il est l’objet contribuent à fortifier cet égoïsme qui, chez lui, n’a rien de rebutant, puisqu’il est inconscient et irresponsable. L’amour et le dévouement de sa mère n’ont pas le pouvoir de le faire sortir de lui-même ; il en jouit, ainsi que l'homme jouit de la lumière et de la chaleur. Mais à mesura que la raison s’éveille, il faut essayer de lui faire comprendre la vie en dehors de lui ; et c’est dans les enfants de son âge qu’il la conçoit le plus facilement. Les témoignages de tendresse ne coûtent rien à l’enfant : il répond presque instinctivement aux caresses et aux sourires. Mais ce n’est pas la vraie sensibilité, et souvent les trop indulgents parents confondent ces faciles démonstrations avec la sensibilité active qu’ils négligent de développer. C’est ainsi que l’enfant s’endurcit dans son égoïsme, et s'habitue à se payer de paroles qui ne sont suivies d’aucun acte Il n’y a qu’un moyen de fondre cet égoïsme, c’est celui qu’indique Jean-Paul, savoir, « de lui faire connaître l’amour par ses propres actes, de lui donner l’occasion de faire quelque chose pour les autres, afin qu’il aime ; car chez lui