Aller au contenu

Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que quelques uns de ceux qu’il aymoit le plus, luy firent pour un Truchement, qui estant allé en terre ferme, avoit esté conveincu d’avoir paillardé avec une de laquelle il avoit jà autrefois abusé, au lieu qu’il ne fut puni que de la cadene au pied, et mis au nombre des esclaves, Villegagnon vouloit qu’il fust pendu. Selon doncques que j’en ay cogneu, tant pour son regard que pour les autres, il estoit à louër en ce poinct : et pleust à Dieu que pour l’advancement de l’Eglise, et pour le fruict que beaucoup de gens de bien en recevroyent maintenant, il se fust aussi bien porté en tous les autres.

Mais mené qu’il estoit au reste d’un esprit de contradiction, ne se pouvant contenter de la simplicité que l’Escriture saincte monstre aux vrais Chrestiens devoir tenir touchant l’administration des Sacremens : il advint le jour de Pentecoste suyvant, que nous fismes la Cene pour la seconde fois, luy (contrevenant directement à ce qu’il avoit dit, quand il dressa l’ordre de l’Eglise : assavoir, comme on a veu cy dessus, qu’il vouloit que toutes inventions humaines fussent rejettées), allegant que sainct Cyprian, et sainct Clement avoyent escrit, qu’en la celebration d’icelle il falloit mettre de l’eau au vin, non seulement il vouloit opiniastrement, et par necessité que cela se fist, mais aussi affermoit et vouloit qu’on creust que le pain consacré profitoit autant au corps qu’à l’ame. Davantage, qu’il falloit mesler du sel et de l’huile avec l’eau du Baptesme. Qu’un Ministre ne se pouvoit remarier en secondes nopces : amenant le passage de sainct Paul à Timothée, Que l’Evesque soit mari d’une seule femme. Bref, ne voulant plus lors dependre d’autre conseil que du sien propre, sans fondement de ce qu’il disoit en la parole de