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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/135

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Dieu, il voulut absolument tout remuer à son appetit. Mais à fin que chacun soit adverti comme il argumentoit invinciblement : d’entre plusieurs sentences de l’Escriture qu’il alleguoit, pretendant prouver son dire, j’en proposeray seulement icy une. Voici doncques ce que je luy ouy un jour dire à l’un de ses gens, N’as tu pas leu en l’Evangile du lepreux qui dit à Jesus Christ, Seigneur, si tu veux, tu me peux nettoyer ? et qu’incontinent que Jesus luy eut dit, Je le veux, sois net, il fut net. Ainsi (disoit ce bon expositeur) quand Jesus Christ a dit du pain, Ceci est mon corps, il faut croire sans autre interpretation, qu’il y est enclos : et laissons dire ces gens de Geneve. Ne voila pas bien interpreter un passage par l’autre ? C’est certes aussi bien rencontré, que celuy qui en un Concile allega, que puis qu’il est escrit, Dieu a creé l’homme à son image, qu’il faut doncques avoir des images. Partant qu’on juge maintenant par cest eschantillon de la feriale theologie de Villegagnon, qui a tant fait parler de luy, si entendant si bien l’Escriture, il n’estoit pas suffisant (comme il s’est vanté depuis son apostasie) tant pour clore la bouche à Calvin, que pour faire teste en dispute à tous ceux qui ne voudroyent tenir son parti. Je pourrois adjouster beaucoup d’autres propos aussi ridicules que le precedent, que je luy ay ouy tenir touchant ceste matiere de Sacremens. Mais parce que quand il fut de retour en France, non seulement Petrus Richelius le depeignit de toutes ses couleurs : mais aussi d’autres depuis l’estrillerent, et espousseterent si bien qu’il n’y fallut plus retourner, craignant d’ennuyer les lecteurs, je n’en diray icy davantage.

En ce mesme temps Cointa, voulant aussi monstrer son savoir, se mit à faire leçons publiques : mais