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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/136

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ayant commencé l’Evangile selon sainct Jean (matiere telle et aussi haute que scavent ceux qui font profession de Theologie), il rencontroit le plus souvent aussi à propos, qu’on dit communément que Magnificat sont à matines : et toutesfois c’estoit le seul suppost de Villegagnon en ce pays-là, pour impugner la vraye doctrine de l’Evangile. Comment donc ? dira icy quelqu’un, le Cordelier frere André Thevet qui se plaint si fort en sa cosmographie : que les Ministres que Calvin avoit envoyez en l Amerique, envieux de son bien, et entreprenans sur sa charge, l’empescherent de gagner les ames esgarées du pauvre peuple sauvage, (car voila ses propres mots) se taisoit-il lors ? estoit-il plus affectionné envers les barbares, qu’à la deffense de l’Eglise Romaine, dont il se fait si bon pillier ? La response à ceste bourde de Thevet en cest endroit sera, que tout ainsi que j’ai jà dit ailleurs, qu’il estoit de retour en France avant que nous arrivissions en ce pays-là, aussi prie-je derechef les lecteurs de noter icy en passant, que comme je n’ay fait, ny ne feray aucune mention de luy en tout le discours present, touchant les disputes que Villegagnon et Cointa eurent contre nous au fort de Colligny en la terre du Bresil, qu’aussi n’y a-il jamais veu les Ministres dont il parle, ny eux semblablement luy. Partant, comme j’ay prouvé en la preface de ce livre, puis que ce bon Catholique Thevet n’y estant pas de nostre temps, avoit lors un fossé de deux mil lieuës de mer entre luy et nous, pour empescher que les sauvages à nostre occasion ne se ruassent sur luy, et le missent à mort (ainsi que contre venté il a osé escrire), sans, di-je, repaistre le monde de telles ballivernes, qu’il allegue d’autre exemple de son zele, que celuy qu’il dit avoir eu en la conversion des sauvages, si les