Aller au contenu

Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en tant qu’en luy est, il a pour la seconde fois prophané la memoire de son Prince. Et à fin de prevenir tout ce qu’il pourroit mettre en avant là dessus (luy niant tout à plat que le lieu qu’il pretend soit celuy que nous appellions la Briqueterie, auquel nos manouvriers bastirent quelques maisonnettes), je luy confesse bien qu’il y a une montagne en ce pays-là, laquelle les François qui s’y habituerent les premiers, en souvenance de leur souverain seigneur, nommerent le mont Henry : comme aussi de nostre temps, nous en nommasmes un autre Corguilleray, du surnom de Philippe de Corguilleray, sieur du Pont, qui nous avoit conduits par-dela : mais s’il y a autant de difference d’une montagne à une ville, comme on peut dire veritablement qu’un clocher n’est pas une vache, il s’ensuit, ou que Thevet en marquant ceste Ville-Henry, ou Henry Ville, en ses cartes, a eu la berlue, ou qu’il en a voulu faire accroire plus qu’il n’en est. De quoy derechef, à fin que nul ne pense que j’en parle autrement qu’il ne faut, je me rapporte à tous ceux qui ont fait ce voyage : et mesme aux gens de Villegagnon, dont plusieurs sont encores en vie : assavoir s’il y avoit apparence de ville où on a voulu situer celle que je renvoye avec les fictions des Poetes. Partant, comme j’ay dit en la Preface, puis que Thevet sans occasion a voulu attaquer l’escarmouche contre mes compagnons et moy, si nommément il trouve ceste refutation en ses oeuvres de l’Amerique de dure digestion, d’autant qu’en me defendant contre ses calomnies je luy ay ici rasé une ville, qu’il sache que ce ne sont pas tous les erreurs que j’y ay remarquez : lesquels, comme j’en suis bien records, s’il ne se contente de ce peu que j’en touche en ceste histoire, je luy monstreray