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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/151

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par le menu. Je suis marry toutesfois, qu’en interrompant mon propos j’aye esté contraint de faire encore ceste digression en cest endroit : mais pour les raisons susdites, assavoir pour monstrer à la verité comme toutes choses ont passé, je fais juge les lecteurs si j’ay tort ou non.

Pour doncques poursuyvre ce qui reste à descrire, tant de nostre riviere de Ganabara, que de ce qui est situé en icelle, quatre ou cinq lieuës plus avant que le fort sus mentionné, il y a une autre belle et fertile isle, laquelle contenant environ six lieuës de tour nous appellions la grande isle. Et parce qu’en icelle il y a plusieurs villages habituez des sauvages nommez Toüoupinambaoults, alliez des François, nous y allions ordinairement dans nos barques querir des farines et autres choses necessaires.

Davantage il y a beaucoup d’autres petites islettes inhabitées en ce bras de mer, esquelles entre autres choses il se trouve de grosses et fort bonnes huitres : comme aussi les sauvages se plongeans és rivages de la mer, rapportent de grosses pierres, à l’entour desquelles il y a une infinité d’autres petites huitres, qu’ils nomment Leripés, si bien attachées, voire comme collées, qu’il les en faut arracher par force. Nous faisions ordinairement bouillir de grandes potées de ces Leripés, dans aucuns desquels en les ouvrans et mangeans nous y trouvions des petites perles.

Au reste, ceste riviere est remplie de diverses especes de poissons, comme en premier lieu (ainsi que je diray plus au long ci apres) de force bons mulets, de requiens, rayes, marsouins et autres moyens et petits, aucuns desquels je descriray aussi plus amplement au chapitre des poissons. Mais principalement je ne veux pas oublier de faire ici mention des horribles