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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/160

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receuë. Quelqu’un au semblable a escrit, que les Cumanois s’oignent d’une certaine gomme ou onguent gluant, puis se couvrent de plumes de diverses couleurs, n’ayans point mauvaise grace en tel equippage.

Quant à l’ornement de teste de nos Tououpinamkuins, outre la couronne sur le devant, et cheveux pendans sur le derriere, dont j’ay fait mention, ils lient et arrengent des plumes d’aisles d’oiseaux incarnates, rouges, et d’autres couleurs, desquelles ils font des fronteaux, assez ressemblans quant à la façon, aux cheveux vrais ou faux, qu’on appelle raquettes ou ratepenades : dont les dames et damoiselles de France, et d’autres pays de deçà depuis quelque temps se sont si bien accommodées : et diroit-on qu’elles ont eu ceste invention de nos sauvages, lesquels appellent cest engin Yempenambi.


Ils ont aussi des pendans à leurs oreilles, faits d’os blanc, presque de la mesme sorte que la pointe que j’ay dit cy dessus, que les jeunes garçons portent en leurs levres trouées. Et au surplus, ayans en leur pays un oyseau qu’ils nomment Toucan, lequel (comme je le descriray plus amplement en son lieu) a entierement le plumage aussi noir qu’un corbeau, excepté sous le col, qu’il a environ quatre doigts de long et trois de large, tout couvert de petites et subtiles plumes jaunes, bordé de rouge par le bas, escorchans ses poitrals (lesquels ils appellent aussi Toucan du nom de l’oyseau qui les porte) dont ils ont grande quantité, apres qu’ils sont secs, ils en attachent avec de la cire qu’ils nomment Yra-yetic, un de chacun costé de leurs visages au dessus des oreilles : tellement qu’ayans ainsi ces placards jaunes sur les jouës, il semble presques advis que ce soyent deux bossettes de