Aller au contenu

Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs villages que vous ne les vissiez garnis, non seulement de venaisons ou de poissons, mais aussi le plus souvent (comme nous verrons cy apres) vous les trouveriez couverts tant de cuisses, bras, jambes que autres grosses pieces de chair humaine des prisonniers de guerre qu’ils tuent et mangent ordinairement. Voila quant au Boucan et Boucannerie, c’est à dire rostisserie de nos Ameriquains : lesquels au reste (sauf la reverence de celuy qui a autrement escrit) ne laissent pas quand il leur plaist de faire bouillir leurs viandes.

Or, à fin de poursuyvre la description de leurs animaux, les plus gros qu’ils ayent apres l’Asne-vasche, dont nous venons de parler, sont certaines especes, voirement de cerfs et biches qu’ils appellent Seouassous : mais outre qu’il s’en faut beaucoup qu’ils soyent si grans que les nostres, et que leurs cornes aussi soyent sans comparaison plus petites, encore different-ils en cela qu’ils ont le poil aussi grand que celuy des chevres de par deça.

Quant au sanglier de ce pays-là, lequel les sauvages nomment Taiassou, combien qu’il soit de forme semblable à ceux de nos forests, et qu’il ait ainsi le corps, la teste, les oreilles, jambes et pieds : mesmes aussi les dents fort longues, crochues, pointues, et par consequent tres dangereuses, tant y a qu’outre qu’il est beaucoup plus maigre et descharné, et qu’il a son grongnement et cri effroyable, encor a-il une autre difformité estrange : assavoir naturellement un pertuis sur le dos par où (ainsi que j’ay dit que le marsouin a sur la teste) il souffle, respire et prent vent quand il veut. Et à fin qu’on ne trouve cela si estrange, celuy qui a escrit l’Histoire generale des Indes dit qu’il y a aussi au pays de Nicaragua, pres du Royaume de la