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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/193

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nouvelle Espagne, des porcs qui ont le nombril sur l’eschine : qui sont pour certain de la mesme espece que ceux que je viens de descrire. Les trois susdits animaux, assavoir le Tapiroussou, le Seouassou, et Taiassou sont les plus gros de ceste terre du Bresil.

Passant donc outre aux autres sauvagines de nos Ameriquains, ils ont une beste rousse qu’ils nomment agouti, de la grandeur d’un cochon d’un mois, laquelle a le pied fourchu, la queuë fort courte, le museau et les oreilles presques comme celles d’un lievre, et est fort bonne à manger.

D’autres de deux ou trois especes, que ils appellent Tapitis, tous assez semblables à nos lievres, et quasi de mesme goust : mais quant au poil, ils l’ont plus rougeastre.

Ils prennent semblablement par les bois certains Rats, gros comme escurieux et presque de mesme poil roux, lesquels ont la chair aussi delicate que celle des connils de garenne.

Pag, ou pague (car on ne peut pas bien discerner lequel des deux ils proferent) est un animal de la grandeur d’un moyen chien braque, a la teste bigerre et fort mal faite, la chair presque de mesme goust que celle de veau : et quant à sa peau, estant fort belle et tachetée de blanc, gris, et noir, si on en avoit par deçà, elle seroit fort riche et bien estimée en fourreure.

Il s’en voit un autre de la forme d’un putoy, et de poil ainsi grisastre, lequel les sauvages nomment Sarigoy : mais parce qu’il put aussi, eux n’en mangent pas volontiers. Toutesfois nous autres en ayant escorchez quelques-uns, et cognus que c’estoit seulement la graisse qu’ils ont sur les rongnons qui leur rend ceste mauvaise odeur, apres leur avoir ostée, nous ne