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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/204

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Mocacoüa et Ynambou-ouassou sont deux especes de Perdrix, aussi grosses que nos oyes, et ont mesme goust que les precedens.

Comme aussi les trois suivans sont : assavoir Ynamboumiri, de mesme grandeur que nos perdrix : Pegassou de la grosseur d’un Ramier, et Paicacu comme une Tourterelle.

Ainsi pour abreger, laissant à parler du gibier qui se trouve en grande abondance, tant par les bois que sur les rivages de la mer, marets et fleuves d’eau douce, je viendray aux oyseaux lesquels ne sont pas si communs à manger en ceste terre du Bresil. Entre autres, il y en a deux de mesme grandeur, ou peu s’en faut, assavoir plus gros qu’un corbeau, lesquels ainsi presque que tous les oyseaux de l’Amerique, ont les pieds et becs crochus comme les Perroquets, au nombre desquels on les pourroit mettre. Mais quant au plumage (comme vous mesmes jugerez apres l’avoir entendu) ne croyans pas qu’en tout le monde universel il se puisse trouver oyseaux de plus esmerveillable beauté, aussi en les considerant y a-il bien de quoy, non pas magnifier nature comme font les prophanes, mais l’excellent et admirable Createur d’iceux.

Pour donc en faire la preuve, le premier que les sauvages appellent Arat, ayant les plumes des aisles et celles de la queüe, qu’il a longues de pied et demi, moitié aussi rouges que fine escarlate, et l’autre moitié (la tige au milieu de chasque plume separant tousjours les couleurs opposites des deux costez) de couleur celeste aussi estincelante que le plus fin escarlatin qui se puisse voir, et au surplus tout le reste du corps azuré : quand cest oyseau est au soleil, où il se tient ordinairement, il n’y a œil qui se puisse lasser de le regarder.