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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/49

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que nature y a cachées. Mais d’autant que je n’estois encores bien versé en leur langage, et que les Ministres que Calvin y avoit envoyez pour planter sa nouvelle Evangile, entreprenoyent ceste charge, envieux de ma deliberation, je laissay ceste mienne entreprise. »

Croyez le porteur, dit quelqu’un, qui à bon droit se mocque de tels menteurs à gage.

Parquoy, si ce bon Catholique Romain, selon la reigle de sainct François, dont il est, n’a faict autre preuve de quitter le monde que ce qu’il dit, avoir mesprisé les richesses cachées dans les entrailles de la terre du Bresil, ny autre miracle que la conversion des Sauvages Ameriquains habitans en icelle, desquels (dit-il) il vouloit gagner les ames, si les Ministres ne l’en eussent empesché, il est en grand danger, apres que j’auray monstré qu’il n’en est rien, de n’estre pas mis au Calendrier du Pape pour estre canonisé et reclamé apres sa mort comme monsieur saint Thevet. A fin doncques de faire preuve que tout ce qu’il dit ne sont qu’autant de balivernes, sans mettre en consideration s’il est vray-semblable que Thevet, qui en ses escrits fait de tout bois flesches, comme on dit : c’est à dire, ramasse à tors et à travers tout ce qu’il peut pour allonger et colorer ses contes, se fust teu en son livre des Singularitez de l’Amerique de parler des Ministres, s’il les eust veu en ce pays-là, et par plus forte raison s’ils eussent commis ce dont il les accuse à present en sa Cosmographie imprimée seize ou dix sept ans apres ; attendu mesmes que par son propre tesmoignage en ce livre des Singularitez, on voit qu’en l’an 1555. le dixiesme de Novembre il arriva au Cap de Frie, et quatre jours apres en la riviere de Ganabara en l’Amerique, dont il partit le dernier jour de Janvier suyvant, pour revenir en France : et nous cependant, comme ie