Apres doncques que le sieur de Bois le Comte, neveu de Villegagnon, qui estoit auparavant nous à Honfleur, y eut faict equipper en guerre, aux despens du Roy, trois beaux vaisseaux : fournis qu’ils furent de vivres et d’autres choses necessaires pour le voyage, le dixneufiesme de Novembre nous nous embarquasmes en iceux. Ledit sieur de Bois le Comte avec environ octante personnes, tant soldats que matelots estant dans l’un des navires, appellé la petite Roberge, fut esleu nostre Vice-Admiral. Je m’embarquay en un autre vaisseau nommé la grand Roberge, où nous estions six vingts en tout, et avions pour Capitaine le sieur de sainte Marie dit l’Espine, et pour maistre un nommé Jean Humbert de Harfleur bon pilote, et, comme il monstra, fort bien experimenté en l’art de navigation. Dans l’autre qui s’appeloit Rosée, du nom de celuy qui la conduisoit, en comprenant six jeunes garçons, que nous menasmes pour apprendre le language des Sauvages, et cinq jeunes filles avec une femme pour les gouverner (qui furent les premieres femmes Françoises menées en la terre du Bresil, dont les Sauvages dudit