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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/88

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submerger et virer ce dessus dessous, furent armées de toutes voiles, il ne nous fut pas possible de les joindre ni aborder.

Et à fin que nul ne trouve estrange tant ce que je di ici, que ce que j’ay jà touché ci devant : assavoir que nous bravans ainsi sur mer, en allant en la terre du Bresil, chacun fuyoit ou caloit le voile devant nous : je diray là dessus, que encores que nous n’eussions que trois vaisseaux (si bien fournis toutesfois d’artillerie, qu’il y avoit dixhuict pieces de bronze, et plus de trente berches et mousquets de fer, sans les autres munitions de guerre, en celuy où j’estois), neantmoins nos capitaines, maistres, soldats et mariniers la pluspart Normans, nation aussi vaillante et belliqueuse sur mer qu’autre qui se trouve aujourd’huy voyageant sur l’Ocean, avoyent en cest equippage non seulement resolu d’attaquer et combatre l’armée navale du Roy de Portugal, si nous l’eussions rencontrée, mais aussi se promettoyent d’en remporter la victoire.

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