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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/89

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CHAPITRE III


Des Bonites, Albacores, Dorades, Marsouins, poissons volans, et autres de plusieurs sortes que nous vismes et prismes sous la zone Torride.


Dès lors nous eusmes la mer aflorée et le vent si à gré, que d’iceluy nous fusmes poussez jusques à trois ou quatre degrez au deçà de la ligne Equinoctiale. En ces endroits nous prismes force Marsouins, Dorades, Albacores, Bonites, et grande quantité de plusieurs autres sortes de poissons : mais entre autres, combien qu’auparavant j’eusse tousjours estimé que les mariniers disans qu’il y avoit certaines especes de poissons volans, nous contassent des fariboles, si est-ce neantmoins que l’experience me monstra lors qu’il estoit ainsi. Nous commençasmes doncques non seulement de voir sortir de la mer et s’eslever en l’air des grosses troupes de poissons volans hors de l’eau (ainsi que sur terre on voit les allouettes et estourneaux) presques aussi haut qu’une pique, et quelque fois près de cent pas loin : mais aussi estant souvent advenu que quelques uns s’ahurtans contre les mats de nos navires tomboyent dedans, nous les prenions ainsi aisément à la main.

Partant pour descrire ce poisson, selon que je l’ay consideré en une infinité que j’ay veus et tenus en allant et retournant en la terre du Bresil : il est de forme