Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/105

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rissesde par deçà à gouverner leurs enfans, j’adjouste à ce que j’ay jà dit de ceux de l’Amerique : qu’encores que les femmes de ce pays-là n’ayent aucuns linges pour torcher le derriere de leurs enfans, mesmes qu’elles ne se servent non plus à cela des fueilles d’arbres et d’herbes, dont toutesfois elles ont grande abondance : neantmoins elles en sont si soigneuses, que seulement avec de petits bois que elles rompent, comme petites chevilles, elles les nettoyent si bien que vous ne les verriez jamais breneux. Ce qu’aussi font les grands, desquels cependant (faisant ceste digression sur ceste sale matiere) je ne vous veux dire ici autre chose, sinon qu’encores qu’ils pissent ordinairement parmi leurs maisons (sans toutesfois qu’à cause des feux qu’ils y font en plusieurs endroits et qu’elles sont comme sablées il y sente mal pour cela) ils vont neantmoins fort loin faire leurs excremens. Davantage, combien que les sauvages ayent soin de tous leurs enfans, desquels ils ont comme des fourmilieres (non pas cependant qu’il se trouve un seul pere entre nos Bresiliens qui ait six cens fils, comme on a escrit avoir veu un Roy és isles des Molucques qui en avoit autant, ce qui doit estre mis au rang des choses prodigieuses) si est-ce qu’à cause de la guerre, en laquelle entre eux il n’y a que les hommes qui combattent, et qui ont surtout la vengeance contre leurs ennemis en recommandation, les masles sont plus aimez que les femelles. Que si on demande maintenant plus outre : assavoir quelle condition ils leur baillent, et que c’est qu’ils leur apprennent quand ils sont grands : je respon à cela que comme on a peu recueillir ci dessus, tant au 8. 14. et 15. chap. qu’ailleurs en ceste histoire, où parlant de leur naturel, guerres et façons de manger leurs ennemis, j’ay monstré à quoy ils s’appliquent, qu’il sera aisé à juger