Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/113

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dehors, est neantmoins si bien polie et comme plombée par le dedans de certaine liqueur blanche qui s’endurcit, qu’il n’est possible aux potiers de par-deçà de mieux accoustrer leurs poteries de terre. Mesmes ces femmes destrempans certaines couleurs grisastres, propres à cela, font avec des pinceaux mille petites gentillesses, comme guilochis, las d’amour, et autres droleries au dedans de ces vaisselles de terre, principalement en celles où on tient la farine et les autres viandes : de façon qu’on en est servi assez proprement : voire diray plus honnestement que ne sont ceux qui usent par-deçà de vaisselle de bois. Vray est qu’il y a cela de defaut en ces peintresses Ameriquaines : c’est qu’ayans fait avec leurs pinceaux ce qui leur sera venu en la fantasie, si vous les priez puis apres d’en faire de la mesme sorte, parce qu’elles n’ont point d’autre projet, poudrait, ni crayon que la quinte-essence de leur cervelle qui trotte, elles ne sçauroyent contrefaire le premier ouvrage : tellement que vous n’en verrez jamais deux de mesme façon.

Au surplus, comme j’ay touché ailleurs, nos sauvages ont des courges et autres gros fruicts mipartis et creusez, dequoy ils font tant leurs tasses à boire, qu’ils appellent coui, qu’autres petits vases dont ils se servent à autre usage. Semblablement certaines sortes de grands et petits coffins et paniers faits et tissus fort proprement, les uns de joncs, et les autres d’herbes jaunes comme gli ou paille de froment, lesquels ils nomment Panacous : et tiennent là farine et ce qui leur plaist dedans. Touchant leurs armes, habits de plumes, l’engin nommé par eux Maraca, et autres leurs utensiles, parce que j’en ay jà fait la description en un autre endroit, à cause de brieveté je n’en feray ici autre mention. Voilà donc les maisons de nos sauvages faites