Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/153

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langue bresilienne guengane, qui vaut autant à dire que parlement ou maniere de dire. Et pour en avoir quelque intelligence, nous en mettrons en avant quelque exemple.

Premierement. Singulier indicatif ou demonstratif : aico, je suis ; ereico, tu es ; oico, il est. Pluriel. oroico, nous sommes ; peico, vous estes ; aurae ico, ils sont. La tierce personne du singulier et pluriel sont semblables, excepté qu’il faut adjouster au pluriel au ae pronom, qui signifie eux, ainsi qu’il appert.

Au temps passé imparfaict et non du tout accompli. Car on peut estre encores ce qu’on estoit alors : singulier resout par l’adverbe aquoémé, c’est à dire, en ce temps-là ; aico-aquoémé, j’estoye alors ; ereico-aquoémé, tu estois alors : oico aquoémè, il estoit alors. Pluriel imparfaict : oroico aquoémé, nous estions alors ; peico aquoémé, vous estiez alors ; aurae-oico-aquoémè, ils estoyent alors.

Pour le temps parfaitement passé et du tout accompli. Singulier : on reprendra le verbe oico comme devant, et y adjoustera-on cest adverbe Aquoè-menè, qui vaut à dire au temps jadis et parfaitement passé, sans nulle esperance d’estre plus en la maniere que l’on estoit en ce temps-là. Exemple : Assavoussou-gatou-aquoé-méné, je l’ay aimé parfaitement en ce temps-là ; quovénen-gatou-tégné, mais maintenant nullement : comme devant, il se devoit tenir à mon amitié durant le temps que je luy portois amitié. Car on n’y peut revenir.

Pour le temps à venir qu’on appelle futur. aico-irén, je seray pour l’advenir. Et en ensuyvant des autres personnes comme devant, tant au singulier comme pluriel.

Pour le commandeur qu’on dit imperatif : oico, sois.