Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/78

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Theologiens : savoir que tous les Philosophes, Payens, et autres Gentils et barbares avoyent ignoré et nié la resurrection de la chair) qu’ils croyent encor la resurrection des corps, et voici l’exemple qu’il en allegue. Les Indiens, dit-il, voyans que les Espagnols en ouvrant les sepulchres, pour avoir l’or et les richesses qui estoyent dedans, jettoyent les ossemens des morts çà et là, les prioyent qu’à fin que cela ne les empeschast de ressusciter ils ne les escartassent pas de ceste façon : car, adjouste-il, parlant des sauvages de ce pays-là, ils croyent la resurrection des corps et l’immortalité de l’ame. Il y a aussi quelque autre auteur prophane, lequel affermant qu’au temps jadis une certaine nation Payenne en estoit passée jusques là de croire cest article, dit en ceste façon : Apres Cesar veinquit Ariovistus et les Germains, esquels estoyent grands hommes outre mesure, et hardis de mesme : car ils assailloyent fort audacieusement, et ne craignoyent point la mort esperans qu’ils ressusciteroyent.

Ce que j’ay bien voulu expressément narrer en cest endroit, à fin que chacun entende, que si les plus qu’endiablez Atheistes, dont la terre est maintenant couverte pardeçà, ont cela de commun avec les Toüoupinambaoults, de se vouloir faire accroire, voire d’une façon encore plus estrange et bestiale qu’eux, qu’il n’y a point de Dieu, que pour le moins en premier lieu, ils leur apprennent qu’il y a des diables pour tourmenter, mesme en ce monde, ceux qui nient Dieu et sa puissance. Que s’ils repliquent là-dessus ce qu’aucuns d’eux ont voulu maintenir, que n’y ayant autres diables que les mauvaises affections des hommes, c’est une folle opinion que ces sauvages ont des choses qui ne sont point : je respon que si on considere