Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/79

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ce que j’ay dit, et qui est tres-vray, assavoir que les Ameriquains sont extremement visiblement et actuellement tourmentez des malins esprits, qu’il sera aisé à juger combien mal à propos cela est attribué aux affections humaines : car quelques violentes qu’elles puissent estre, comment affligeroyent-elles les hommes de ceste façon ? Je laisse à parler de l’experience qu’on voit par-deçà de ces choses : comme aussi, n’estoit que je jetteroye les perles devant les pourceaux que je rembarre à present, je pourrois alleguer ce qui est dit en l’Evangile de tant de demoniaques qui ont esté gueris par le Fils de Dieu.

Secondement parce que ces Athées nians tous principes, sont du tout indignes qu’on leur allegue ce que les Escritures sainctes disent si magnifiquement de l’immortalité des ames, je leur presupposeray encores nos povres Bresiliens : lesquels en leur aveuglissement leur enseigneront qu’il y a non seulement en l’homme un esprit qui ne meurt point avec le corps, mais aussi qu’estant separé d’iceluy, il est sujet à felicité ou infelicité perpetuelle.

Et pour le troisiesme, touchant la resurrection de la chair : d’autant aussi que ces chiens se font accroire, quand le corps est mort qu’il n’en relevera jamais, je leur oppose à cela les Indiens du Peru : lesquels au milieu de leur fausse religion, voire n’ayans presques autre cognoissance que le sentiment de nature, en desmentans ces execrables se leveront en jugement contre eux. Mais parce, comme j’ay dit, qu’estans pires que les diables mesmes, lesquels, comme dit sainct Jacques croyent qu’il y a un Dieu et en tremblent, je leur fais encor trop d’honneur de leur bailler ces barbares pour docteurs : sans plus parler pour le present de tels abominables, je les renvoye