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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/279

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DORISE

.

C'est assez, et j'espère

De lui faire éviter les yeux de votre père,

Écoutez seulement ; le voyant arriver

Couchez-vous sur ces fleurs, et feignez de rêver,

Dites que son mérite à votre âme ravie,

Que votre impatience égale son envie,

Et que vous n'aspirez qu'après l'heureux moment

Qui doit joindre vos fers et finir son tourment ;

Après, l'ayant flatté sur le point qui le presse

Comme vous éveillant, blâmez sa hardiesse,

Et s'il vous redit tout, répondez qu'en rêvant

Tout ce qu'on s'imagine est de l'air et du vent ;

Témoignez par vos yeux un peu d'indifférence,

Si bien qu'il ait sujet de crainte, et d'espérance ;

Alors, vous le verrez en d'étranges accès,

Et là sa passion prouvera son excès.

AMÉLIE
seule

Que ton expérience en ce point m'est utile,

Va l'attendre à la porte.

DORISE

.

Adieu.

AMÉLIE

.

Qu'elle est subtile,

Que son coeur s'est souvent exercé là-dessus ;

Et qu'on sait bien aimer, quand on ne le peut plus !

Ces vieilles dont l'humeur est si triste et si noire,

Et qui n'ont plus d'amour qu'en la seule mémoire :

Par leur expérience ont trouvé des ressorts

Dont les effets divers excèdent nos efforts ;

Leur pouvoir absolu régit nos de