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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/293

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LISIDAN

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Que par là cette belle,

Nous apprend en amour une ruse nouvelle.

De tout moyen possible on n'avait autrefois

Pour découvrir son coeur, que la plume, et la voix,

L'un était difficile, on a peine à commettre

En une sûre main la charge d'une lettre,

Il faut perdre du temps, pratiquer des valets,

Et sur leur soin avare hasarder ses poulets,

On ne les peut gagner sans peine, et sans dépenses,

Toute leur sûreté dépend des récompenses :

Les autres par la voix découvrent leur tourment,

Dieux ! La fâcheuse voie à de honteux amants !

Quelque ardeur qu'on ressente, et quoi qu'on se propose,

Le respect bien souvent nous tient la bouche close,

C'est aimer froidement, qu'exprimer son souci

D'un amour excessif le respect l'est aussi.

On le veut figurer, mais plus on le désire,

Et plus on sent aussi de contrainte à le dire ;

Aujourd'hui nous avons un moyen plus aisé,

Et dont personne encor ne s'était avisé

On déclare en dormant les secrets de son âme ;

Il faut fermer les yeux pour découvrir sa flamme :

On n'a point de contrainte, on ne perd point de pas

On ne dépense rien, et l'on n'en rougit pas.


Scène III

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Émile, Le Valet, Dionys, Lisidan.

ÉMILE
les abordant

Il faut les aborder. J'interromps vos pensées.

DIONYS

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Votre unique sujet les avait commencées,

Nous parlions de vos faits, nous contions vos combats,

Et combien d'ennemis vous avez mis à bas.

ÉMILE

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