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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/294

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Il serait plus aisé de conter les étoiles,

Dont la nuit a brodé ses ombrageuses toiles,

Le sable de la mer, les feuilles des forêts,

Et les grains des épis qui dorent nos guérets ;

Mais je rencontre enfin d'inévitables charmes,

Le vainqueur est vaincu, mon coeur met bas les armes,

La valeur est défaite, et deux astres d'amour

Obligent mon courage à leur faire la cour.

LISIDAN

.

Quelle est cette beauté ?

ÉMILE

.

Dieux l'objet adorable !

Que vous allez juger ma défaite honorable !

Amélie.

DIONYS

.

Amélie.

ÉMILE

.

A causé mon souci ;

Je meurs pour ses beaux yeux.

DIONYS

.

Elle vous aime aussi.

ÉMILE

.

S'en peut-elle défendre, et serais-je moi-même,

Si je n'étais aimé par un objet que j'aime ?

Moi, pour qui la fortune a d'extrêmes bontés,

Et de qui les moyens ne sont point limités :

Moi qui me rends heureux l'astre le plus sévère

Sous qui la terre tremble, et qui le ciel révère,

Qui n'ai point d'ennemi, que le vice et la peur,

Qui ne lui fais point voir un visage trompeur,