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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/297

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LE PÈRE

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Le temps peut tout changer, son enfance indiscrète,

Ne sait ce qu'elle craint, ni ce qu'elle souhaite,

La force en obtiendra le bonheur, que je veux,

Ou mon autorité gouvernera ses vœux ;

Adieu, ne craignez rien, et dessus ma promesse,

Espérez du remède à l'ardeur, qui vous presse.

DIONYS

.

Ô rigoureux arrêt : qui me comble d'ennuis,

Que faut-il que j'espère, en l'état où je suis,

Tous mes soins sont trahis, et son humeur avare

Dispose aveuglément d'une beauté si rare,

Le vain éclat de l'or à ses yeux éblouis,

Et lui dictait les mots que nous avons ouïs.

LISIDAN

.

Éprouvez la fortune, ou propice, ou cruelle,

C'est tout, si vous plaisez aux yeux de cette belle,

Étant bien en son coeur votre sort est heureux,

Et l'or n'éblouit point un esprit amoureux ;

Le ciel avec dessein à vos âmes unies :

J'ai souffert pour sa sœur des peines infinies,

Et j'ai désespéré de fléchir ses parents,

Lorsqu'elle m'a fait voir des yeux indifférents.

Mais depuis l'heureux jour, que son âme touchée

M'a découvert l'ardeur, qu'elle tenait cachée,

J'étouffe mes soupirs, j'ai toujours espéré,

Et sa possession, m'est un bien assuré.

DIONYS

.

Que ne m'est-il permis de parler de la sorte !

Que je sois content ! Mais on ouvre sa porte

C'est elle, abordons-la.


Scène VI

.

Dionys, Lisidan,