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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/298

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Amélie.

DIONYS
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Si proche du trépas,

Qu'il ne me reste plus qu'un moment, et qu'un pas,

Je viens offrir encor cet instant de ma vie,

À l'aimable beauté, qui la tient asservie,

Je viens pour souhaiter, en ce dernier moment

À vos chastes amours leur accomplissement.

Acceptez mon rival, donnez à la fortune

L'honneur de respirer sous une loi commune,

Riez avec lui des maux que j'ai soufferts,

Dédaignez mon hommage, et méprisez mes fers ;

Rendez le premier teint à son visage blême,

Accordez toute chose à son amour extrême,

Je meurs avec plaisir, et mon sort rigoureux

Ne m'est point importun, si le vôtre est heureux ;

Par de si beaux ennuis mon âme est combattue,

Que même en la rendant je bénis qui me tue,

Je ne déteste point mon malheur apparent,

Et je ne pousse point de soupirs en mourant.

AMÉLIE

.

D'où viendra Dionys une mort si soudaine,

Votre teint est si bon, et votre voix si saine ;

J'ignore de vos maux la naissance, et le cours,

Et je peux toutefois répondre de vos jours.

DIONYS

.

Il est aisé de conserver ma vie,

Le bien de ma santé dépend de votre envie,