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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/300

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Il faut qu'un autre esprit te flatte,

Porte ailleurs tes vœux, et ta foi.

Il n'est pas mal aisé de trouver une amante,

Qui te montre plus de douceur,

Ne va pas loin, et crois qu'Érante

Est plus facile que sa sœur

Oublie une insensible, et superbe rivale,

Cesse de lui faire la cour,

Et te vante que rien n'égale

Tes mérites, et mon amour.

DIONYS
continue

Surpris, saisis, confus après cette merveille,

Que j'ai d'occasion de douter si je veille,

Qu'Érante, un des objets les plus doux de ces lieux,

Sur un sujet si bas daigne jeter les yeux,

Au moindre des mortels présente sa franchise,

Et mette à si haut prix ce que sa sœur méprise,

Trahisse Lisidan, puis-je sans vanité,

Imaginer ce mal de sa facilité ?

Mais que je trouve ici son ardeur manifeste ;

Et pour n'être pas vain, qu'il faut être modeste,

Pouvait-elle exprimer des termes plus exprès,

L'effet inespéré, de quelques faux attraits,

Ou de quelque vertu, que l'avare nature,

A mise, en mon esprit seulement en peinture ;

Dieux ! M'a-t-elle estimé capable d'aimer tant

La qualité de traître, et celle d'inconstant.


Scène VIII

.

Amélie, Dionys.