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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/302

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s dit.

C'est là bien clairement vous ouvrir sa pensée,

Vous la devez guérir, si vous l'avez blessée,

Elle a des qualités dignes de vos désirs,

Et je n'ai point dessein d'empêcher ses plaisirs.

DIONYS

.

Il vous est bien aisé de parler de la sorte,

Mais pour moi qui vous voue une amitié si forte :

Qui sait ce que je dois à des charmes si doux,

Qui ne suis ici-bas, qu'à dessein d'être à vous.

On ne me verra point, sans un effort étrange,

Porter mes volontés à la honte du change,

Le ciel m'aurait ôté mon premier sentiment,

Je n'aurais plus de moi, que le nom seulement,

Et vous aurez perdu ces adorables charmes

Et ces rares vertus à qui tout rend les armes.

Si vous sentiez les coups de ces astres vainqueurs,

Ou si comme les dieux vous lisiez dans les cœurs,

Vous verriez clairement la véritable peine,

Qui peut-être à vos yeux est encore incertaine,

Ils donneraient des pleurs à mon cruel tourment,

Vous n'y pourriez songer qu'avec étonnement.

Je sais la qualité de l'objet où j'aspire

Et cette connaissance augmente mon martyre,

Je ne possède rien que l'on puisse estimer,

Le ciel m'a dénié tout ce qui fait aimer

Il ne m'a jamais vu, que d'un œil de colère

L'amour est nu chez moi, comme au sein de sa mère,

Et je n'ose parler de mon affection

Quand je porte les yeux sur ma condition.

Je relève pourtant, d'une puissance telle,