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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/314

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Si mon amour est tel qu'on la puisse amortir,

Et si tout l'univers m'en saurait divertir.

LISIDAN

.

Dieux ! Que cette nouvelle allège mon martyre

Vous arrêtez mon âme à l'heure que j'expire :

Mais craignez, pour mon bien, que cette invention

N'ait un effet contraire à votre intention ;

Songez que tous les cœurs cèdent à la surprise,

Et qu'insensiblement nous prisons qui nous prise.

ÉRANTE

.

N'en soyez point en peine, aimez-moi seulement

Mais il vient, voyez-moi feindre subtilement.


Scène V

.

Dionys, Érante, Lisidan.

ÉRANTE

.

Que vous traitez l'amour d'une façon discrète !

(Monsieur) et qu'au besoin votre langue est muette,

Vous conservez si bien un secret défendu,

Que les sourds jusqu'ici, n'en ont rien entendu.

DIONYS

.

Je suis fort imparfait, mais pour peu, qu'on me loue,

On sait que je crois l'être, et vois quand on me joue.

J'ai pris votre faveur pour preuve à mes défauts,

Voyez si quelquefois mon sentiment est faux ;

Traitez plus doucement un rebut de fortune,

Dont l'entretien déplaît, dont l'abord importune,

Sans mérite, sans bruit, sans estime et sans bien,

Qui n'a qu'un point de bon, c'est qu'il sait, qu'il n'a rien.

ÉRANTE

.